Quels vignerons mettent en avant les cépages autochtones du Roussillon ?

27/04/2025

Pourquoi le Roussillon est le royaume des cépages autochtones

Saviez-vous que le Roussillon est considéré comme l’une des plus anciennes terres viticoles de France ? Ici, l’histoire des cépages autochtones remonte à plus de 2 000 ans. Ces cépages, adaptés au climat aride, jouent un rôle clé dans la richesse et la diversité des vins produits dans la région. Entre tramontane, forte luminosité et sols variés, allant des schistes aux galets roulés, ces cépages méditerranéens sont comme des acteurs principaux d’un théâtre naturel unique.

À une époque où la standardisation menaçait de tout uniformiser, quelques vignerons audacieux ont décidé de revenir aux racines. Ils ont choisi de protéger et de mettre en avant ces variétés endémiques, véritables joyaux enracinés dans les vignobles du Roussillon.

Des vignerons qui réécrivent l’histoire avec le carignan

Le carignan, longtemps boudé parce qu’on le jugeait rustique ou trop difficile à travailler, renaît aujourd’hui grâce à des vignerons visionnaires. Cultivé sur des parcelles souvent centenaires, il donne des vins à la fois charnus et élégants, riches en arômes de fruits noirs et d’épices.

Parmi les défenseurs du carignan, impossible de ne pas mentionner Jean Lignères du Domaine Fontanel, à Tautavel. Ce passionné du terroir travaille avec finesse des vieilles vignes de carignan pour produire des cuvées puissantes mais équilibrées, teintées de terroir et d’histoire.

Autre maison emblématique : le Mas Cristine, accroché entre la Méditerranée et les Albères. Ici, le carignan devient le porte-voix du sol argilo-calcaire et de la patience des hommes. Leur approche bio sublime ce cépage oublié qui trouve enfin une place noble.

Les grenaches, reflets de la richesse du Roussillon

Les grenaches – blanc, gris et noir – sont les princes et princesses du Roussillon. Résistants à la sécheresse, ils apportent structure et profondeur aux vins. S’ils brillent souvent sous des assemblages, certains vignerons osent les monocépages, pour leur redonner toutes leurs lettres de noblesse.

Avec le Domaine de la Rectorie, à Banyuls-sur-Mer, le grenache noir est à l’honneur. Sur ces pentes abruptes où la vigne tutoie la Méditerranée, ce cépage s’exprime avec des notes de garrigue, de fruits mûrs et une pointe de salinité. Une vraie signature du terroir.

Dans une toute autre région du Roussillon, le Clos des Fées de Hervé Bizeul à Vingrau réinvente les grenaches. Avec précision et respect du fruit, ce domaine magnifie le grenache blanc pour ses vins blancs frais, élégants, dévoilant des arômes de poire, de fleurs et une touche minérale.

Les grenaches dans les vins doux naturels

Que serait le Roussillon sans ses vins doux naturels emblématiques, souvent élaborés à partir de grenache noir ou gris ? Le Muscat de Rivesaltes et le Banyuls, souvent issus de ces cépages, continuent de porter ce savoir-faire ancestral. Ici, le terroir ne ment pas : gorgés de soleil, les raisins donnent des vins intensément aromatiques, parfaits pour accompagner des instants épicuriens ou des desserts gourmands.

Le macabeu, un cépage de discrétion et d’élégance

Peu connu mais essentiel dans les assemblages ou parfois travaillé seul, le macabeu est un autre trésor local. Ce cépage blanc révèle une fraîcheur et une finesse étonnantes, tout en apportant rondeur et équilibre.

Au Domaine Gauby, Claude et Ghislaine explorent son potentiel à travers des cuvées biologiques, vibrantes et texturées. Situés dans les Fenouillèdes, leur travail sur le macabeu révèle tout le potentiel de ce cépage, qui se fait l’écho d’un terroir minéral et en altitude.

Le Domaine Singla, à proximité de Perpignan, travaille également ce cépage avec brio. Leur approche biodynamique révèle un macabeu tout en pureté, dans des blancs secs délicats et parfumés.

Et la malvoisie, ce cépage à redécouvrir ?

Enfin, il serait difficile de ne pas mentionner la malvoisie, ce cépage oublié qui gagne peu à peu du terrain. Ses grappes dorées offrent des blancs secs ou moelleux, gourmands et teintés de notes de miel et de fruits confits.

C’est au Domaine Puig-Parahÿ, à Passa, qu’on peut savourer l’essence même de la malvoisie. À travers des cuvées empreintes de traditions et de savoir-faire, ce domaine perpétue l’art de travailler ce cépage rare.

Une terre à explorer ici et ailleurs

Préserver les cépages autochtones, c’est avant tout préserver le goût et la mémoire d’un lieu. C’est dire au monde que le vin n’est pas qu’une dégustation, mais une empreinte, une identité à transmettre. Derrière chaque bouteille de ces passionnés, il y a une histoire de résistance face à l’oubli, une envie de faire revivre ce qui fait du Roussillon une terre unique.

Alors, si vous passez par ces collines baignant sous la lumière méditerranéenne, faites une halte chez ces vignerons. Laissez le carignan jouer la mélodie du temps, le grenache chuchoter la chaleur du soleil, et le macabeu dévoiler la sensibilité des hommes et des femmes qui cultivent cette merveilleuse région.

Et vous, quels cépages autochtones du Roussillon aimeriez-vous voir dans vos verres ? La question reste ouverte autour d’une bonne bouteille, forcément.

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